La cause des galgos
Ma vie de lévrier espagnol…
Je suis plus vieux maintenant, je suis terrifié, juste tout comme l’était Maman. Il l’a tuée hier… il l’a brulée vive après l’avoir pendue. Il l’a aspergée d’essence et a allumé son briquet. Elle pleurait, elle suppliait mais LUI riait. Il lui a dit : crève vermine, tu ne vaux plus rien.
Chaque jour, il nous entraîne à la chasse aux lapins et lorsque nous échouons, il nous frappe jusqu’à ce que le sang jaillisse de nos plaies; nous ne sommes plus que de pauvres choses sanglantes qu’il traîne sur le sol et qu’il jette dans nos cellules en claquant la porte. Nous sommes affamés, notre dernier morceau de pain dur, c’était il y a plusieurs jours. Je veux Maman, je gémis mais il s’en fout.
J’ai environ un an maintenant, j’ai vu le galguero torturer et martyriser mes amis. Mon cousin est près de moi, il est en train de mourir, ses plaies sont ouvertes et un liquide vert et puant en sort. Je vois ses yeux devenir vitreux, il part dans un soubresaut, il est parti, je t’aime mon ami, emmène-moi avec toi!!! Jamais je ne t’oublierai…
J’ai deux ans. Je m’accroche à la vie, je ne veux pas mourir, j’entends ses pas dans le couloir, il vient pour moi, je le sais, je me fais tout petit dans un coin; nous nous serrons tous les uns contre les autres, nous attendons la sentence : qui pendra-t-il ? Qui va-t-il encore assassiner ? Une main ouvre la porte, ce n’est pas la sienne, elle est différente et fine; des voix se disputent, il est là et crie. Une voix toute douce parvient à mes oreilles, elle me dit : viens, n’ait pas peur, je ne te ferai pas de mal !!! Je tremble, NON, PAS MOI, PAS DEJA, JE T’EN SUPPLIE !!! La main s’approche, elle me touche et je n’ai pas mal !!!
Pourquoi ? Que me fait-on ? Je me sens soulevé du sol et j’atterris dans les bras d’une inconnue, elle a une bonne odeur, elle a de l’eau qui coule de ses yeux, tout comme nous !! Elle me parle, je crois qu’elle pleure, elle me dit un mot : Amour !!! Moi je ne sais pas ce que ça veut dire : je suis un chien espagnol, je ne connais pas ce mot !
Mes amis et frères et sœurs se mettent à hurler, ils veulent partir avec nous, mais il leur donne des coups de pieds, les jettent contre les murs, leurs os craquent… Je ne veux pas les quitter, non, emmènes-les avec moi, ne les laisse pas là stp ! Il crie que je serai le seul, que les autres peuvent encore servir, qu’elle devra revenir et que le prix ne sera pas le même. Elle pleure mais elle n’ose pas répondre à ce salaud qui nous mutile et nous tue.
Nous arrivons dans la lumière du jour, elle pleure toujours et me parle : n’ait pas peur, c’est fini, je suis désolée pour tes amis, je reviendrai pour eux, mais il ne veut pas me les donner maintenant, je suis si désolée mon Dieu… A l’extérieur, un autre homme nous attend, je ne l’ai jamais vu, il s’approche rapidement de nous et se met entre lui et ma sauveuse il dit : bon ça suffit ! On part mais on reviendra pour les autres, ne les tuez pas, on reviendra et on s’en chargera. Je monte dans une voiture, toujours dans ses bras, je me fais pipi dessus, je mouille son pantalon, elle rit et me dit : ce n’est pas grave, tout est fini pour toi, elle approche ses lèvres de mon museau et me touche, elle dit que c’est un baiser. Je continue à trembler, je ne comprends rien, je veux retourner avec les autres… Elle dit JE T’AIME ?
Je suis entré dans une maison pour la première fois de ma vie, pas de papier gras, pas de poubelles sur le sol, ça sent bizarre mais j’aime bien… Elle me donne une gamelle : Oh ! de la viande!!!! Je mange tellement vite que je vomis tout, je me mets à gémir de terreur, mais elle ramasse et me dit : on recommence : elle prend d’autres bouts de viande un à un avec sa main et me les tend. Elle attend 5 minutes entre chaque bout, alors je commence à me calmer doucement. Elle me prend encore dans ses bras, elle me pose sur une chose très douce, elle dit que c’est un canapé avec ma couverture, que je dois dormir et oublier…
Aujourd’hui cela fait 6 mois que je vis avec Concepción et Javier, je n’ai plus jamais eu faim ou soif; chaque jour je sors en laisse, et ils sont fiers de moi, me montrent aux passants et leur disent : c’est un galgo, il est jeune et il est si gentil et affectueux; tout le monde ne les croit pas, bien sûr. J’ai appris qu’on devait attendre pour les besoins, qu’on pouvait demander des caresses, faire le fou dans un jardin, courir même sans lapin, juste pour le plaisir, sauter dans un lit d’humain et se rouler sous les draps…. J’ai appris tellement de choses, mais où sont mes amis, je ne les ai jamais oublié, moi. Il faut aller les chercher, svp!!!
Ce matin une dame est arrivée, elle a un drôle d’accent quand elle parle espagnol, elle dit a mes amis humains qu’elle enverra des photos et donnera de mes nouvelles, mais pourquoi ? Elle attache ma laisse à mon collier et me dit de la suivre, que je serai bien, qu’une autre famille m’attend très loin. Je ne veux pas, ma famille est ici, nous devons aller chercher mes amis, je me débats, Concepción pleure, me dit de monter dans la voiture, le menton de Javier tremble mais sa main se tend fermement : tu dois partir et laisser la place à un autre : jamais nous ne t’oublierons petit bonhomme!!!!!!
Après bien des heures de voiture, je suis arrivé dans un autre jardin, il y avait des enfants qui n’avaient pas le droit de bouger pour ne pas me faire peur. Je suis resté assis sur mon derrière un bon moment et puis j’ai commencé à explorer le terrain, les deux pattes me suivaient anxieusement.
Va-t-il s’habituer après sa famille d’accueil en Espagne ?
Et voilà j’ai maintenant 3 ans, je suis heureux, je fais plein de trous dans le jardin, je me dore au soleil, je dors dans un panier près du radiateur en hiver et j’ai même un manteau et des vitamines…
MAIS LA NUIT, je me réveille et je me souviens, j’entends leurs cris de suppliciés, ils m’appellent, me demandent de venir les chercher. AIDEZ-MOI, je vous en supplie.
Voici une vidéo qui décrit parfaitement bien les galgos et leurs nombreuses qualités mais montre également ce qu’ils subissent dans leur pays, avec toutefois une note très positive au final et qui montre à quel point ces chiens s’acclimatent vite et bien à leur nouvelle existence une fois qu’ils ont trouvé un foyer qui saura les respecter et les aimer comme ils le méritent. ATTENTION : certaines images peuvent choquer et bouleverser ! Mais elles reflètent malheureusement la triste réalité.
Les galgos et les podencos sont des lévriers utilisés principalement pour la course et pour la chasse au lièvre en Espagne. Une tradition ancestrale et barbare les condamne à subir le pire si leurs performances ont été insuffisantes : ils sont massacrés, pendus, brûlés vifs, forcés à avaler de l’acide, laissés dans des forêts les membres brisés pour qu’ils ne puissent pas suivre la voiture, condamnés à mourir de faim et de soif. Ce sont quelque 50’000 chiens qui meurent chaque année en Espagne.
Les plus chanceux seront recueillis par les bénévoles des refuges espagnols. Les autres finiront agonisants ou récupérés par la Garde Civile et amenés dans les perreras, fourrières de l’enfer insalubres où ils seront euthanasiés dans des conditions atroces.
Notre Association a pour but de venir en aide à ces magnifiques chiens pour qu’ils puissent vivre dignement dans une famille en Suisse.
La réalisation de ces sauvetages demande un investissement personnel et financier important. Nous récoltons du matériel divers ainsi que de la nourriture que nous apportons aux refuges car ils ont un réel besoin de notre aide, les conditions des infrastructures ne seraient pas ce qu’elles sont sans le soutien d’association étrangères.
Derrière chaque adoption il y a un travail énorme fourni par toute une équipe motivée à défendre la cause des galgos. Chaque chien est vacciné, pucé, stérilisé, testé maladies méditerranéennes et est muni de son passeport avant de passer la frontière.
La récompense suprême de tous ces efforts est de voir la joie des adoptants d’accueillir un de nos protégés, la métamorphose quasi instantanée pour certains lévriers lorsqu’ils arrivent dans le foyer douillet et confortable d’une famille aimante, il faut le voir, il faut le vivre pour le croire diront certains !