𝐎𝐧 𝐝𝐞𝐦𝐚𝐧𝐝𝐞 𝐪𝐮𝐨𝐢 𝐚̀ 𝐮𝐧 𝐜𝐡𝐢𝐞𝐧 𝐪𝐮𝐢 𝐚 𝐩𝐞𝐮𝐫 ? »

La réponse est courte : RIEN, on le met en sécurité, c’est tout.

Votre chien tire en laisse car il a peur de la circulation ? On ne pense pas apprentissage mais on file dans une rue calme.

Votre chien aboie de peur sur ce groupe d’enfants déguisés plus loin sur le trottoir? On traverse, fait demi-tour mais on ne demande pas au chien de se taire et de marcher au pied en passant à côté des enfants.

Votre chien ne répond pas au rappel car il doit passer devant un groupe de chiens pour vous rejoindre ? On n’insiste pas, on le rejoint, on l’aide à contourner, on fait une boucle hors sentier.

𝗟𝗮 𝘀𝗲́𝗰𝘂𝗿𝗶𝘁𝗲́ > 𝗹’𝗲́𝗱𝘂𝗰𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻 / 𝗹𝗲𝘀 𝗮𝗽𝗽𝗿𝗲𝗻𝘁𝗶𝘀𝘀𝗮𝗴𝗲𝘀

La sécurité passe avant l’éducation/les apprentissages/les tours. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est la pyramide des besoins de Maslow. On a les besoins physiologiques (manger, boire, faire ses besoins) et juste après le besoin de sécurité.

En plus du point de vue bien-être animal (qui devrait néanmoins suffire), exiger une quelconque obéissance d’un chien apeuré est une mauvaise idée du point de vue des apprentissages.

Voici les risques :

« Pourrir » vos demandes : en éducation positive, une demande de la part du propriétaire est une opportunité pour le chien de gagner un renforçateur -> ça devrait donc le rendre joyeux. En demandant des choses à votre chien lorsqu’il est apeuré, vous le mettez en difficulté et votre demande risque de ne plus être associée à une émotion positive. On arrive donc à une demande qui perd de sa valeur, à laquelle votre chien répondra de moins en moins.

Altérer la confiance qu’il a en vous : gardez en tête qu’à chaque fois que vous lui demandez de passer près d’un chien menaçant, que ce soit en laisse ou derrière un portail, vous le guidez vers un danger potentiel.

Le rendre réactif : le chien communique beaucoup par le mouvement et l’absence de mouvement, en voulant ‘gérer’ artificiellement tout ça, on l’oblige souvent à demander de l’espace en… réagissant.

Tomber dans le leurre : on finit par leurrer le chien, il s’exécute car finalement il y a peut-être une récompense à la clé. Leurrer un chien vers l’objet de sa peur est une très mauvaise idée car le chien peut dépasser sa distance de confort sans s’en rendre compte… jusqu’à ce qu’il ait avalé sa friandise.

C’est contreproductif car il se peut qu’il ne vous entende même pas… Un chien apeuré et risquant pour sa vie n’entendra pas forcément votre demande de marcher au pied ou de revenir. Mettez-vous à sa place : vous êtes au téléphone avec un ami dans la rue, de nuit, soudainement, vous avez la sensation d’être suivi.e et devenez hypervigilant.e : gardez-vous le fil de la discussion ?

Et vous savez quoi ? En fait c’est plutôt bien d’avoir un chien qui ne répond pas à nos demandes quand il est apeuré/stressé. C’est un bon indicateur pour certains chiens, chez qui la peur n’est pas facilement identifiable (port de queue naturellement bas, tête naturellement basse ou au contraire chien très facilement alerte etc.). Il vous fixe de loin, ne répond pas à votre appel, regarde ce chien qui ne se trouve pas si loin de vous et vous jette un œil… C’est un bon indicateur de peur. Certains chiens ont peur tous les jours de leur vie quand ils sont sortis, pour autant leur gardien n’en a pas conscience. La peur n’est pas forcément panique. Si votre chien est en panique et réagit fortement à certains stimuli, vous avez sûrement loupé des signaux de peur précurseurs.

« 𝗢𝘂𝗶 𝗺𝗮𝗶𝘀 𝗰𝗼𝗺𝗺𝗲𝗻𝘁 𝗼𝗻 𝗹𝗲 𝗰𝗼𝗻𝗳𝗿𝗼𝗻𝘁𝗲 𝗮̀ 𝘀𝗲𝘀 𝗽𝗲𝘂𝗿𝘀? »

On ne le confronte pas à ses peurs, désolée. À la place, on utilise le mouvement à bon escient. Le mouvement c’est de la communication, ça parle énormément aux chiens. On trottine dans l’autre sens, loin de ce qui lui fait peur, on contourne lentement le chien ou la personne qui lui fait peur. Ainsi, on lui apprend qu’on est un bon référent en cas de peur (car on l’aide) et aussi à ne pas foncer vers ce qui lui fait peur (parce que vous ne voulez pas qu’il fonce vers ce qui lui fait peur, VRAIMENT ). L’évitement ce n’est pas si mal, ça donne du contrôle au chien et un chien qui a peur a vraiment besoin de contrôle sur son environnement .

L’immersion fait tout l’inverse, donc on jette ça à la poubelle et basta. À la place, quand c’est possible, on désensibilise, en respectant la zone de confort de notre chien (sinon c’est de l’immersion !). On n’hésite pas à demander de l’aide à un.e comportementaliste canin, vous n’aurez pas forcément besoin de 15 séances.

Oubliez l’éducation si votre chien semble stressé et apeuré. Les ‘assis’, ‘couché’, ‘fais un salto’ n’aideront pas un chien qui a peur « La vie n’est pas un exercice d’obéissance »

(Turid Rugaas – Barking the Sound of a language).