Qu’ils soient d’Espagne, de Roumanie, de Tunisie…

Les chiens ont des besoins fondamentaux. Des besoins physiologiques et des besoins sociaux, et chez certains, ces derniers sont tout aussi importants que les besoins vitaux: manger, boire, dormir.
En domestiquant le chien, nous l’avons dépossédé d’une partie de son instinct, rendu dépendant de l’homme. Substantiellement et affectivement.
Le chien a besoin d’un maitre à aimer et de l’amour de celui-ci en retour…
Nous sommes responsables pour toujours de ce que nous avons apprivoisé.

Durant ces derniers mois, j’ai été amené à me poser des questions sur la légitimité de mon engagement en Tunisie.
Et si je faisais fausse route ? Si je me trompais ? Et si ces chiens qui pour certains ont conservé une petite part sauvage ne pouvaient qu’être heureux dans leur milieu naturel, libres ? Si la plupart de ces chiens qui n’ont connu que la rue ou le refuge n’étaient pas capables de vivre dans une famille ?
Si la sécurité d’un foyer n’était pour eux qu’une contrainte, une entrave ?
Bien sûr, il n’y a aucun avenir pour eux là-bas, aucune perspective…
Au mieux une vie d’errance ou de refuge, avec tout ce que cela comporte: la faim, les coups, les grossesses multiples et pour le refuge: la surpopulation, l’insécurité, la peur, les bagarres…
Et au pire: la mort sous les balles de la police qui fait régulièrement le ménage et règle à coup de fusil les problèmes de prolifération.
La venue de Douce et Fifille m’a permis de répondre pour une grande part à ces questions et de donner un sens à ce combat que nous sommes plusieurs à mener.
Constater l’adaptabilité, et l’évolution de ces deux chiennes en à peine 1 semaine, partager avec émotion les témoignages de leur famille, découvrir en photo leurs premiers pas dans leur nouvelle vie m’ont permis non pas de totalement balayer mes doutes (j’en aurai toujours, c’est dans ma nature…) mais d’être persuadé du bien fondé de notre démarche.
Et même si (peut-être) elles ne mesurent pas encore tout le bonheur qui les attend, je suis sure qu’elles savent que leur vie a définitivement changé et que le pire est derrière elles…

“Qu’est-ce que signifie ” apprivoiser ” ?
– C’est une chose trop oubliée, dit le renard. Ça signifie ” créer des liens… ”
– Créer des liens ?
– Bien sûr, dit le renard. Tu n’es encore pour moi, qu’un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons. Et je n’ai pas besoin de toi. Et tu n’as pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi qu’un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m’apprivoises, nous aurons besoin l’un de l’autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde…”
(le petit prince/ Antoine de Saint-Exupéry)

Texte écrit par : Géraldine

 

Douce adoptée le 18 mars 2018

Fifille en famille d’accueil dans le canton de Vaud dès le 18 mars 2018      Voir son post sous la rubrique : NOS URGENCES