Visite aux refuges partenaires de Cœur de Galgo, du 4 au 10 mai 2019

Une semaine en visite dans les refuges en Espagne, c’est bien plus qu’un voyage. Ni des vacances, ni du travail. Très compliqué à décrire avec des mots. On fait ses bagages avec quelques idées et on rentre à la maison le cerveau bouillonnant et les tripes remuées de reconnaissance mêlée d’une pointe de tristesse.

L’Espagne est une terre de contrastes, accueillante et aride, bienveillante et violente. Pourquoi ce pays profondément attachant est-il aussi celui qui blesse et abandonne le plus d’animaux domestiques en Europe ? Ça ne colle pas, et pourtant…

Pourtant les bénévoles que nous allons rencontrer au sein des refuges qu’ils font vivre sont, dans le meilleur des cas, ignorés sur place. Alors que tout le monde chez nous chante leurs louanges et en fait des héros, leur message peine à se frayer un chemin dans les esprits là où il est le plus nécessaire. C’est une question de temps, dit Pepi, du refuge La Esperanza, la nouvelle génération voit les choses d’un œil différent, on observe moins de maltraitance de la part des plus jeunes. Son constat est à la fois réjouissant car il est synonyme d’espoir, et décourageant parce qu’il signifie que les refuges vont être submergés d’animaux laissés au bord de la route, dans un carton, une poubelle ou au milieu d’un champ – quand ce n’est pas pire – pendant de longues années encore.

Les chiens aboient en sentant notre présence. On ne sait pas s’ils défendent leur territoire ou s’ils nous appellent. On ne sait pas combien ils sont derrière cette porte, ni comment on va faire pour contrôler ses émotions une fois le seuil franchi. Partout où le regard se pose, il y a des chiens. Des grands, des petits, des tout neufs et d’autres visiblement cabossés. De toutes les couleurs et de toutes les formes. Certains se jettent spontanément sur nous pour nous souhaiter la bienvenue, d’autres restent prudemment en retrait, puis s’approchent une fois que les intruses ont été « testées sans danger » par les plus audacieux. On peut les confondre sur les photos, mais pas dans la réalité : chacun a « son » regard, « sa » façon de bouger, « ses » caresses préférées. Il y en a qu’on reconnaît immédiatement, d’autres pas du tout. Ils ont tous l’air plus petit « en vrai ». C’est une sensation vertigineuse. Le temps passe quatre ou cinq fois plus vite. Par moments il y a beaucoup de bruit et, tout à coup, plus rien.

Chaque refuge a sa manière de fonctionner, les tâches sont clairement réparties entre les bénévoles. Le travail se fait dans le calme et la concentration, avec une efficacité qui donne le tournis (le premier réflexe est de s’asseoir pour ne pas gêner). Quand il y a des imprévus, il y a toujours quelqu’un pour s’en occuper. Après les nettoyages, les soins et la nourriture, l’atmosphère change et le silence fait place aux rires : les bénévoles jouent avec leurs protégés, leur donnent des friandises et leur font des câlins.

Quelques impressions :

Certains chiens vous touchent jusqu’au plus profond des tripes par un regard, une attitude, qu’ils soient débordants d’affection ou en retrait. Au début, on ne peut s’empêcher de les vouloir « pour soi », égoïstement. Ça passe assez vite, pour leur souhaiter une famille qui verra en eux ce que nous avons vu, des qualités et des fêlures qui les rendent uniques. Une fanatique des bergers peut se retrouver en adoration devant un galgo ou un croisé tellement croisé que même un test ADN y perdrait ses petits. Un chien que l’on n’avait pas « remarqué » sur les photos devient subitement lumineux alors même qu’il ne correspond en rien à vos « goûts » habituels. L’âge, le sexe, la race ou le mélange n’ont plus aucune importance. C’est une sensation très perturbante, que d’arriver avec des certitudes et de repartir avec des questions sans fin. Qui a pu les abandonner, tous autant qu’ils sont ? Si l’on n’avait qu’une place à offrir sous son propre toit, auquel d’entre eux la proposerait-on ? Quel refuge a le plus besoin d’aide ? Même en étant là depuis de nombreuses années, comment les bénévoles font-ils pour supporter de voir sans cesse arriver de nouveaux chiens abandonnés, meurtris ? Et pour les voir partir ? C’est bien simple, il n’existe pas de réponse.

On ressort à la fois tout petit et grandi de ce genre d’expérience. Le seul moyen de restituer les sensations, les odeurs, les sons, la notion d’espace et de liberté au sein des refuges est d’y aller. De rencontrer les personnes qui en font des endroits vivants, qui ne se plaignent jamais et qui vous remercient avec effusion comme si c’était vous qui faisiez le plus dur. S’ils sont forts et ne plient pas, c’est parce que rien ni personne ne les découragera. Leur but n’est pas de servir d’exemple, et pourtant…

Gracias por todo, os queremos

SOPHIE cœur-de-galgo

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