Je vais  pour vous parler d'”ELLE”  (et des autres). Les pas vraiment adoptés, mais pas vraiment abandonnés”. Les “SVF”: sans véritable famille. Ceux que l’on a sortis de l’enfer mais qui restent sur le carreau… Et de l’effet pervers des “familles d’accueil”.

La famille d’accueil est une aire de repos, elle est là pour gérer les situations d’urgence, et parfois les retours… Elle ne devrait faire office ni de refuge, ni de pension mais simplement de tremplin, de trait d’union. Grâce à internet, aux réseaux sociaux, certaines histoires tristes et dramatiques prennent parfois des proportions démesurées. 

Que l’histoire se passe en Espagne, en Roumanie, à la Réunion ou ailleurs, le poids des images et le cri des mots, provoquent souvent un engouement et une mobilisation générale. On s’insurge, on s’indigne, on fustige les bourreaux, on réclame “la queue et les oreilles”…

On partage, on unit ses forces, on se mobilise ! 

On sollicite les associations pour la prise en charge, on suit avec intérêt l’amélioration de la situation, les progrès du chien, ou le succès des soins… Je n’accable personne, car c’est ainsi qu’on fonctionne tous: au coup de cœur, au coup de gueule. Mais après ? Quand la lumière s’éteint, que le projecteur éclaire une autre misère, une autre histoire triste… On considère que tout  est fini, alors que c’est précisément là que tout commence. On estime le chien tiré d’affaire, et on passe à un autre combat, un autre sauvetage… Quand le “spectacle” est terminé, que l’intérêt est retombé, on regarde ailleurs, et on oublie.

Pourtant tout au bout de la chaine, et pour que l’histoire se termine par “ils vécurent heureux et eurent beaucoup de bonheur”, que faut-il ?

Il faut un ADOPTANT.  Une VRAIE famille, pour que la boucle soit bouclée.  La sécurité, la stabilité et le confort d’un foyer. Parce que “les oubliés” ne sont pas que dans les refuges, mais aussi et parfois dans des familles d’accueil, plus personne n’en veut car on  ne les considère plus en danger ou comme des “urgences”.

C’est pourtant comme ça qu’ELLE est arrivée chez nous: en urgence. Complètement désorientée et triste à fendre l’âme. Elle n’arrivait pas d’Espagne, non, elle l’avait quitté depuis un moment déjà. 

Elle avait une humaine qui prenait soin d’elle mais qui est malheureusement tombée gravement malade. 

Comme si la vie ne s’était encore assez acharnée sur ELLE. Sa vie passée était faite de douleur et de misères, alors même s’il s’agissait d’un chien difficile, pas tout jeune et fortement traumatisé….. 

Je n’ai pas réfléchi, et j’ai accepté spontanément de la prendre en charge. Provisoirement. En accueil…

ELLE, c’est Zora, et un an plus tard, elle est toujours là… Bien sûr qu’on l’aime et qu’elle nous aime. 

Qu’elle s’est attachée à nous, que je suis devenue son pilier. 

Mais au fond, il lui manque le principal et le plus fondamental: une famille. SA famille.

Et même si mon cœur se serre en imaginant une éventuelle séparation, je sais combien il important pour elle de trouver ce que je ne peux pas vraisemblablement lui offrir: une place unique. Alors, je lui parle, et je lui dit qu’un jour, pourquoi pas… Je lui raconte la vie qu’elle aura peut-être. Si la lumière s’allume pour ELLE encore une fois, une dernière fois. Si enfin la vie lui accorde un répit et de finir ses jours auprès d’une personne douce et aimante.

https://coeur-de-galgo.ch/project/zora-2/

Texte écrit par Géraldine Clément, membre et famille d’accueil Cœur-de-galgo.ch

 

 

 

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